Chapitre 4 : Môle & Brasses, un territoire familial depuis toujours
Vous souvenez-vous ? Il y a une semaine, on vous racontait comment Haldorn a vaincu Sólkar et libéré sa fille Eldrik au cours d’un affrontement titanesque qui a donné naissance aux meulières du Mont Vouan. On vous avait laissé au moment où Haldorn et Eldrik éraient en quête de paix et d’un nouveau foyer, vous vous rappelez ?
Alors reprenons le cours de notre histoire…
Épuisés mais sereins après leur victoire sur Sólkar, Haldorn et Eldrik marchaient côte à côte. Ils cherchaient un endroit où ils pourraient enfin vivre en paix, loin du tumulte et des dangers.
Haldorn voulait trouver un lieu tranquille et paisible, il ne voulait plus jamais mettre sa fille en danger. Il voulait un refuge, un endroit où elle pourrait grandir heureuse et en sécurité. Mais où le trouver ?
Après une courte marche à pas de géant, ils atteignirent les vastes plaines du Faucigny. Devant eux, un espace ouvert s’étendait à perte de vue, baigné dans une lumière dorée. Les montagnes alentours formaient une couronne naturelle, et au centre de cette plaine, tout semblait immobile, comme si le temps s’était arrêté. Eldrik s’arrêta, écarquilla les yeux et s’exclama :
– C’est ici ! C’est parfait, papa, tu ne trouves pas ?
Haldorn observa le paysage. L’endroit respirait la tranquillité. La terre, douce et fertile, semblait prête à accueillir une nouvelle vie. Le géant sourit et hocha la tête.
– Oui, ma fille. C’est ici.
Mais un doute subsistait dans son esprit. Leur taille, leur nature même de géants, attirait toujours l’attention, et avec elle, des jalousies ou des dangers. Comment pourraient-ils vraiment trouver la paix ?
C’est alors qu’une idée germa dans son esprit. Haldorn posa sa grande main rugueuse sur l’épaule d’Eldrik.
– Ma petite écorce, à quoi ressemblerait la vie si nous devenions une partie de ce monde ? Si nous ne faisions plus qu’un avec ce lieu ?
Eldrik, d’abord perplexe, réfléchit. Elle comprit ce que son père voulait dire, et son sourire s’évanouit pour laisser place à une expression de douceur et de sérieux.
– Si cela nous permet d’être ensemble pour toujours et de protéger cet endroit, alors je suis prête !
Haldorn sentit son cœur se serrer. Il était fier de sa fille, de son courage et de sa sagesse, bien au-delà de ses neuf ans.
Ils s’assirent côte à côte sur la plaine, regardant l’horizon une dernière fois. Ensemble, ils fermèrent les yeux, et un murmure doux parcourut les airs. Lentement, leur peau d’écorce se durcit et se transforma en pierre. Haldorn forma alors une montagne, sa grandeur protégeant à jamais la plaine. À ses côtés, Eldrik forma le Petit Môle, ensemble ils formaient la majestueuse montagne du Môle que nous connaissons tous.
Depuis ce jour, la montagne formée par nos deux géants veille silencieusement sur le Faucigny, sa présence rassurante rappelant l’amour indéfectible d’un père et sa fille.